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"Nous venons en amis", film documentaire d’Hubert Sauper sur le Soudan

Une plongée dans la fabrique de réfugiés chassés par les guerres et la misère

Projection-débat mardi 6 octobre à 20h au Méliès St-François

lundi 28 septembre 2015

Le film "Nous venons en amis" du cinéaste autrichien Hubert Sauper (déjà bien connu pour "Le cauchemar de Darwin") montre ce qui se passe au Soudan, mais il parle en fait des processus à l’oeuvre dans une grande partie de l’Afrique.
Il est sur les écrans du Méliès, et un débat, organisé par l’association "Regards sur les cultures d’Afrique" suivra la projection de ce mardi 6 octobre au Méliès St-François. L’association souhaite "documenter et éclairer la situation néocoloniale au Soudan et en Afrique"...

La bande annonce du film :

Il faut aller voir ce documentaire ! Et en parler ensuite, parce que sinon on est sous la menace d’une brutale chute du moral. Mais le pire - pour le moral - n’est-il pas de ne rien comprendre à ce qui nous arrive ? Pourquoi des centaines de milliers d’hommes, femmes et enfants, fuient le Moyen-Orient et l’Afrique ?
Sauper est allé voir au Soudan. La guerre y est permanente, depuis des décennies, et elle est provoquée et nourrie par le pillage du pays par des multinationales et des Etats, qui "viennent en amis", bien sûr. Avec des complicités dans l’ONU, malheureusement...
Tout ceci pose la question des politiques menées au nom du "développement". C’est quoi ce développement qui répand la mort ? C’est quoi cette "aide au développement" - qu’elle vienne de l’US-AID ("Agence des États-Unis pour le développement international" très présente au Soudan du Sud), de l’ONU ou d’autres... - cette aide qui fabrique la misère ?

La descente du Soudan aux enfers

Sur l’histoire du Soudan depuis 60 ans, voir Survie (dommage que ce résumé s’arrête à 1995) : Soudan : quelques repères chronologiques (1953-95).
Après avoir été (mal) dessiné par les colonisateurs, le plus grand pays d’Afrique a toujours connu des conflits ethniques. Après avoir liquidé en 1971 un puissant Parti communiste, le général Nimeyri est ensuite passé à l’intégrisme et le pays s’est enfoncé dans des affrontements ethniques et religieux, des guerres civiles, jusqu’à la division en deux du Soudan en 2011... avant que les affrontements continuent entre les deux et au sein même des deux Soudans.
Le nord (toujours appelé "Soudan") est musulman, et c’est une dictature intégriste islamiste dirigée par El Béchir, qui a fait la guerre au Darfour. La Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt international contre lui, pour crimes de guerre, crime contre l’humanité et génocide. Les chinois y sont très présents.
Le Soudan du Sud est chrétien, il est sous la coupe des USA, et dirigé par un autre dictateur : Salva Kiir, encore coiffé du chapeau de cow-boy que lui a offert Bush. Maintenant, le Sud est aussi lui-même en guerre civile, ethnique, menée par les deux factions du pouvoir.
Sur cette guerre au Soudan du Sud, des nouvelles terribles arrivent. Voir "Jeune Afrique" :
Soudan du Sud : des milliers de femmes réduites en esclavage et violées par des soldats

Le pillage du pays par des multinationales et des Etats

Le film de Sauper montre la présence des Etats étrangers et des multinationales. Au Soudan (Nord), les chinois prennent des terres pour en exploiter le pétrole, même si 85% des réserves sont dans ce qui est maintenant le Soudan du Sud.
Pour les populations du Soudan du Sud, à qui le paradis a été promis avec l’indépendance, c’est l’enfer. La guerre y est permanente. Des millions d’hectares de terres sont volés pour les installations pétrolières des compagnies américaines, pour l’extraction des minerais où des soudanais-es travaillent comme des esclaves, et pour l’agriculture industrielle (agro-carburants etc..). Les multinationales mènent le jeu, pillent et détruisent les communautés.

Le film montre comment les conflits religieux sont instrumentalisés, au nord comme au sud.

Le film ne montre pas des départs vers l’Europe. D’ailleurs ceux qu’on voit en ont-ils la force ? Mais sur les 35 millions d’habitants du Nord et les 11,5 millions du Sud, combien vont devoir partir ?
Le film montre aussi le drôle de rôle joué par l’ONU, qui est plutôt un bras des USA au Soudan du Sud, et comment au nom du "développement" des représentants de l’ONU mettent en place leur propre business !
Tout ceci se fait évidemment avec des politiciens soudanais bouffons et corrompus qui travaillent pour ce pillage dont ils s’engraissent eux aussi.
Le film donne la parole à tous les participants du drame. "Ils y jouent leur propre rôle".... Les écouter est probablement le plus court chemin pour comprendre.
Cette terrible réalité, il vaut mieux la regarder en face...
Et regarder ce que nous pouvons faire pour arrêter le massacre.